QUAND EST-CE QUE LES GUINEENS COMPRENDRONT ?
Depuis le 2 octobre 1958 jusqu’à nos jours, le peuple de Guinée est confronté à une triste réalité, celle de renier toujours l’autorité à travers le manque de confiance, le mépris des institutions et la haine viscérale. Au lieu de coaliser derrière le chef, on est toujours tenté de le discréditer, de le nuire à travers des conspirations souvent absurdes. Il faut être naïf pour croire que l’on peut plaire à tout le monde, aucun chef n’a fait l’unanimité même dans les pays développés. Mais avec l’amour de la patrie, cette triste considération doit se subordonner aux intérêts de la nation.
Quand il y a la cohésion entre les fils d’un même pays, la nation devient forte et elle réussit à surmonter tous les obstacles.
Aujourd’hui on a l’impression que la Guinée est toujours à la case de départ tant les velléités revanchardes ont la vie dure. Pour avoir subi pendant 60 longues années les affres de la domination coloniale, l’espoir était permis de voir ce peuple désormais sur le chemin du développement national. Mais ce développement n’est possible qu’à travers la cohésion nationale, la fraternité et la solidarité. Les 26 ans du règne de feu Ahmed Sékou Touré se sont déroulés sous le spectre du complot permanent. Cette hantise du complot avec l’effet négatif du mépris et de la haine ont rendu difficile le développement national.Aucune action humaine n’est parfaite car, la perfection ne relève que de Dieu.
L’erreur est inhérente à toute entreprise humaine, ce qui signifie qu’il faut tolérer, pardonner aux uns et aux autres leurs erreurs pour que la nation puisse bouger ensemble. La conquête du pouvoir ne doit pas tuer en nous le sentiment d’appartenance à une histoire commune, une culture commune et un territoire commun. C’est ce sentiment du vivre ensemble qui doit transcender en chaque guinéen, afin de construire une nation forte et disciplinée.
En observant et analysant l’évolution de la vie sociopolitique guinéenne, il se dégage un seul constat : aucun chef guinéen n’a été bon. Ni Sékou Touré, ni Lansana Conté, ni Dadis, ni Sékouba Konaté, ni Alpha Condé et encore moins Mamadi Doumbouya n’ont été bons. Au lieu d’avoir un sentiment patriotique très fort, on se livre à la médiocrité endémique qui caractérise aujourd’hui les populations. Des critiques inutiles, des violences aveugles symbolisent aujourd’hui toutes les manifestations populaires, on accorde plus de temps à l’absurdité qu’au concret. On a l’impression que la foi du guinéen vacille à chaque instant, jamais il ne se contente de ce qu’il a, jamais il n’est satisfait de ce qui se fait. Ce manque de reconnaissance et d’acceptation de la réalité constitue le véritable problème de la société guinéenne.
Le progrès ne se réalise pas en un seul jour, ce sont les actions du passé qui doivent servir pour le présent et le futur mais, si elles ne sont d’aucune considération alors, on demeurera toujours à la case de départ. On peut ne pas aimer un chef, le pire est d’assimiler le chef à la nation malheureusement tel est le cas de la Guinée. Certains pensent que les anciens présidents n’ont rien de positif or, ils sont acteurs de l’indépendance et du multipartisme intégral dont jouit aujourd’hui le pays. Ces faits doivent être analysés et appréciés à leur juste valeur et non de les nier en bloc. A vouloir dénigrer tous les chefs, à vouloir chaque fois les mépriser conduit au désespoir. Le guinéen se plait à comparer son pays au Sénégal, à la Côte d’Ivoire qu’il apprécie et vante leur mérite de progrès. Cependant il n’accepte pas les exigences qui ont rendu possible ce progrès.
Quand on aime son pays on fait tout pour assurer son développement, chaque individu peut quelque chose pour le devenir de sa patrie. La fibre patriotique du guinéen est presque obsolète, cela se remarque par le manque de civisme, de la mauvaise foi et de la mauvaise volonté à vouloir reposer tout sur l’Etat. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’insalubrité de la capitale où les citoyens ne se gênent pas de transformer les caniveaux en dépotoirs d’ordures. Quand on a une telle attitude vis-à-vis de son environnement, il devient absurde de se comparer aux autres qui rechignent un tel comportement.
La passion est l’ennemie de la raison, tant qu’un peuple s’évertuera à s’acharner contre les institutions de la république, il lui sera difficile de trouver le chemin du progrès. La conquête du pouvoir n’est pas synonyme de mépris pour le chef, avec un peu de foi on doit comprendre que la providence est le seul capable de donner ou de retirer le pouvoir. Le fondement même du développement national repose sur l’unité des fils de la nation. Il est normal qu’il y est divergence d’idées entre les citoyens mais, sachant que chaque formation politique stipule le développement de la nation, on comprend mal l’attitude de certains individus qui frise l’égocentrisme.Le progrès de la nation, le développement du pays et le devenir de la patrie ne sont possibles qu’à travers l’unité nationale
QUAND ON EST PATIENT, ON REUSSI DANS CE QUE L’ON ENTREPREND !
Il faut donner le temps au temps pour mettre sur pied quelque chose de bien et durable. Certains pensent que la réussite d’une sélection dépend du choix d’un coach expatrié. Depuis belle lurette on assiste à la valse des entraineurs en Guinée, ce perpétuel mouvement des sélectionneurs n’augure rien de bon pour le football. Aimer le football et connaitre le football sont différents. Malheureusement en Guinée, tout le monde est sélectionneur, chacun est prêt à faire des critiques absurdes nonobstant les progrès engrangés.
Kaba Diawara n’a pas échappé à cela, malgré son patriotisme et sa volonté de mettre sur pied une bonne sélection. Combien d’expatriés sont passés à la tête de la sélection nationale et quel progrès ont-ils apporté au Syli national ? il faut du temps pour mettre sur pieds une bonne sélection. Même dans les clubs de haut niveau, il a fallu du temps pour Pep Gardiola pour bâtir la célèbre équipe de Manchester City. Il a fallu du temps pour Aliou Cissé de mener les lions de la Téranga au sommet du football continental. Il a été critiqué mais avec la persévérance il a atteint la consécration.
Aujourd’hui il faut reconnaitre que Kaba Diawara a donné un fond de jeu au Syli national. Les dernières prestations de cette sélection prouvent à suffisance un progrès notoires. Le problème en Guinée ce n’est pas la valeur que l’on juge mais chacun cherche à faire valoir son intérêt égoïste. On voit que ce jeune entraineur a la volonté de propulser son équipe au sommet de la pyramide. Pour preuve il a négocié un match amical avec la Séléçao comme pour dire qu’il faut souvent se mesurer aux grands de ce monde du football. L’appétit vient en mangeant dit-on souvent, de telles rencontres permettront à l’entraineur d’affuter ses armes pour la campagne africaine.La mésentente qui existe dans le monde du football guinéen est la seule responsable de la déliquescence de ce sport. On méprise les mécènes et les parvenus ne voient que le lucre qu’ils empochent et non le développement du football. Il faut laisser le temps à Kaba Diawara pour qu’il puisse donner au Syli national, la force morale et patriotique qui manque cruellement à cette génération. Autrefois, les Chérif Souleymane, Papa Camara, Thiam Ousmane Tolo, Petit Sory ont joué pour la patrie avec abnégation et détermination. Aujourd’hui voir la Guinée que tous les voisins craignaient, devenir leur tambour commun est regrettable. Il faut que le Syli national retrouve sa place d’antan sur le continent, les joueurs guinéens étaient autrefois qualifiés de brésiliens de l’Afrique.
On doit être jaloux de ce passé pour redorer le blason terni de notre football.Kaba Diawara, ce n’est pas facile avec les guinéens, même si on faisait venir Pep Gardiola, des gens diront qu’il ne connait pas le football donc faites et laisser dire.
Par Famany Condé