LA GUINEE SERAIT- ELLE UN PAYS DE PARADOXES ?

On se demande vraiment ce qui ne va pas dans ce pays avec ces multiples contradictions qui crèvent l’œil. Comment peut-on utiliser pendant toute une année des pères de famille et refuser de les payer leur droit ? Cela ne se passe qu’en Guinée. Quand des jeunes désœuvrés en quête du premier emploi qui ont eu le courage de s’engager dans l’éducation pour apporter la connaissance à leurs frères et sœurs sont traités avec dédain et mépris, c’est le comble du désespoir. Chaque fois que ces jeunes réclament leurs droits, on étale un tapis de fausses promesses pour prouver le manque de crédibilité du gouvernement. Aujourd’hui les contractuels disent trop c’est trop, ils menacent de refuser d’aller en classe et de boycotter la rentrée scolaire le 3 octobre 2023.

Pendant ce temps le ministre de la fonction publique débourse des milliards pour un prétendu recensement des agents de la fonction publique. On a l’impression que tous les ministres qui se sont succédés à la tête de ce département sont à la recherche de fictifs. En capitalisant le total des montants déboursés pour ces interminables recensements biométriques, de nombreuses écoles pouvaient être construites, le salaire des enseignants améliorés. Yombouno se dit être le ministre qui veut rendre propre le fichier de la fonction publique, ce qui est une véritable utopie, un mirage qu’il n’arrivera jamais à atteindre. Ce problème de fichier est devenu un véritable bourbier dans lequel s’enlisent tous les ministres passés dans ce département. Personne ne pensait qu’après Sékou Kourouma on aurait encore à parler de fictifs ou de doublons.

Ce problème de fichier est un faux débat, un simple moyen de se faire les poches.Les enfants dans nos écoles sont angoissés par l’idée d’un possible boycotte de la rentrée scolaire, malheureusement le gouvernement fait la sourde oreille aux réclamations des enseignants contractuels. C’est la preuve vivante que les autorités guinéennes n’accordent aucun crédit à l’école. Vous ne trouverez aucun enfant de ministre ou des directeurs généraux dans une de nos écoles publiques. Ils sont tous envoyés à l’étranger pour suivre des formations. C’est pour cela d’ailleurs que nos écoles et leurs diplômes n’ont aucune valeur. Quand on réussit à banaliser l’éducation dans un pays, on met le devenir de ce pays en péril car, c’est à l’école où sont formés les élites pour la relève de demain.

Depuis belle lurette l’école guinéenne a commencé à dériver sous le regard complaisant des autorités et celui impuissant des populations. Le métier d’enseignant a été considéré comme celui des parias, des laisser pour compte qui n’ont aucun bras long. C’est avec patriotisme, détermination et engagement que certains ont renoncé au luxe, à la belle vie pour aller dans les coins éloignés diffuser la lumière de la science et du savoir aux enfants du pays. Avec un salaire dérisoire sous les railleries des autres fonctionnaires, l’enseignant ahane pour sa pitance quotidienne, partagé entre le devoir professionnel qui l’empêche toute autre activité et se meut dans une misère réelle ignorée de tous. Neuf mois sans salaire cela ne se passe qu’en Guinée alors que les moyens sont disponibles on refuse l’essentiel pour se focaliser sur les artifices. Des immeubles poussent comme des champignons dans le pays, les grosses cylindrées circulent, le train de vie des gouvernants est d’une insolence indescriptible, pendant ce temps les enseignants contractuels vivent dans l’illusion des promesses éhontées et irresponsables des autorités.

Comment le pays peut-il avancer dans une pareille situation quand ses revenus deviennent la propriété de ceux qui sont en haut d’en haut comme le disent les ivoiriens. L’obstination des autorités à ne pas vouloir payer les 9 mois de salaire et les 12 mois de prime d’incitation conduit droit aux troubles à la rentrée scolaire. Mais quand l’éducation n’est pas une priorité pour le gouvernement, il l’a relégué à l’arrière-cour. Un tel état de fait constitue un véritable danger pour l’avenir du pays. L’égocentrisme et l’égoïsme affiché des gouvernants prouve à suffisance leur mépris et leur dédain pour l’école guinéenne qui est pourtant l’espoir des déshérités du pays. Il a été promis que rien ne serait plus comme par le passé, on a promis la refondation de l’Etat, mais avec ce qui se passe, on a l’impression d’être à la case de départ, aucune amélioration, aucun changement n’est ressenti.Le cas guinéen mérite une profonde réflexion !

Par Famany Condé