Lamine Capi Camara aux guinéens : « Notre pays ne peut pas se construire dans la haine, il ne peut se construire que dans le pardon »

Dans le cadre de la célébration de la deuxième édition du festival sur le Milo, un symposium a été organisé à l’université l’Université Julius Nyerere de Kankan ce jeudi 16 novembre 2023 pour rendre hommage à feu Emile Condé, père fondateur du Bembéya jazz national 52 ans après sa mort en détention au Camp Boiro. Un moment d’intenses émotions rehaussé de la présence de plusieurs invités Une occasion pour les fils des défunts et autres invités d’interpeller tous les Guinéens au pardon et à la réconciliation nationale.

Déjà, la famille du défunt dit avoir pardonné par rapport à tout ce qui est arrivé à leur défunt qui a trouvé la mort au camp Boiro dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ils ont exprimé ce pardon avec une conviction loin de toute haine.

Dans sa communication, Lamine Capi kamara, l’un des compagnons d’Emile invite les Guinéens à se pardonner.  » Dans cette salle, je suis le seul compagnon d’infortune de feu Emile Condé. Je suis le seul à avoir fait de la prison et partager la même cellule avec lui. C’est un homme que j’ai regardé du bas de l’échelle avec beaucoup d’admiration. Je le suivais partout où il allait. Et ce qui m’a frappé, c’est d’avoir réussi dans des conditions extrêmement difficiles à faire de grandes choses avec très peu de moyens surtout la création du Bembéya jazz. Normalement aujourd’hui n’est pas un jour de pleurs c’est un jour de réconfort, on parle des choses tristes. C’est un jour de réconfort que l’hommage soit rendu et que les premiers pas soient faits vers la reconnaissance. Donc ne pleurons pas, cet hommage est pour nous tous. » a-t-il déclaré en s’adressant à Sékou Bembéya qui pleurait dans la salle.

Avant de poursuivre : « Ceci dit, à 84 ans bientôt, je suis bien placé pour parler de sagesse et de pardon. Aujourd’hui, vous savez pourquoi je suis assez heureux, honnêtement,j’avais le mot pardon dans ce que je voulais dire. Mais si Mamadi et ses frères n’avaient pas prononcé le mot pardon, j’aurais été extrêmement gêné de vous dire moi-même. Parce que je sais qu’ils n’ont pas pardonné et moi le dire ça va être difficile. »Une occasion pour Ibrahima Capi kamara d’inviter la jeune génération à s’approprier de l’histoire du pays, avant de dire Kamara que la Guinée ne peut pas se construire dans la haine, plutôt dans le pardon.Donc vous qui êtes là, jeunes qui ne connaissent pas l’histoire, qui ne lisaient pas beaucoup, lisez des livres, mais aussi écouter ceux qui parlent. Notre pays ne peut pas se construire dans la haine, il ne peut se construire que dans le pardon.

Moi, j’ai écrit deux livres sur la question.  » La Guinée sur le régime de la révolution et les racines de l’avenir. Le livre commence par le mot pardon et finit par le mot pardon. Ces jeunes gens sont très sages ( les enfants d’Emile Condé, ndr.) Ils ont pardonné. Pourquoi nous, nous ne pardonnons pas? En parlant de pardon, il faut dire que tous les régimes qui se sont succédés ici, du président Sékou Touré au président Conté jusqu’à maintenant il y a eu des victimes. Donc, si nous ne nous pardonnons pas, notre sentier, au lieu d’être un sentier de roses, sera toujours un sentier d’épines. Je vous invite au pardon à tous, vous les jeunes. Pardonner ce n’est pas oublié… il faudra absolument qu’on n’accuse pas les uns et les autres, mais que tout le monde travaille à commencer par le CNT par le pardon. L’histoire un jour s’écrira quand les passions seront apaisées parce que quand les passions sont apaisées, la génération quand elle va passer, on va retrouver les éléments, on va tout exhumer. Ceux qui seront là qui n’ont connu ni haine, ni passion peuvent écrire notre histoire. Tous ceux qui sont là, à commencer par les autorités, travaillons tous pour la réconciliation nationale, la réconciliation nationale passe par le pardon, mais le pardon passe aussi par la recherche de la vérité. »

Mohamed Ybno