Le colonel Moussa Tiegboro Camara à la barre : » j’ai pris avec moi le grand frère Cellou et Jean Marie Doré pour sortir du stade »
Après le rejet des exceptions soulevées par la défense du capitaine Moussa Dadis Camara et de Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, les débats de fonds ont commencé , ordonné par le juge du tribunal Et, le premier à comparaître c’est bien l’ancien secrétaire d’État chargé des services spéciaux et de la lutte contre la drogue et le grand banditisme pour répondre devant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara des accusations mises à sa charge.
A la barre, le colonel Moussa Tiegboro Camara est revenu sur la journée du 28 septembre où environ 157 personnes ont été tuées et 109 femmes violées et violentées au stade de Conakry.
« Nous sommes le 28 septembre 2009, comme à l’accoutumé, j’ai pris mon garde du corps et je partais chez moi. Et vers Bambeto, j’ai vu un attroupement avec des dispositifs.
J’ai trouvé un attroupement au stade du 28 septembre. Je suis descendu de ma voiture avec un chauffeur et un garde du corps comme toujours d’ailleurs. On m’a accueilli avec des applaudissements. Entre-temps, quelqu’un m’a dit qu’il y avait les opposants de l’autre côté du stade vers l’université. Je suis parti vers eux vu que je ne pouvais pas leur parler directement à cause du brouhaha. J’ai dit à mon grand frère, Sidya Touré que vers Hamdallaye les gens sont en train de tout casser. Il m’a répondu qu’on pouvait reconstruire le lendemain. La situation était maîtrisée quand je quittais pour aller chez moi.
Moi je suis rentré chez moi pour déjeuner. Et après, j’ai appris qu’un autre groupe de militaires est venu au stade. Ce jour-là, j’étais obligé de jouer le jeu. Je suis venu sur le terrain. Une fois arrivé, je suis descendu de ma voiture. Et on m’a dit de ne pas rentrer au stade vu que Toumba et moi, on ne se parlait pas.
Quand je suis venu sur le terrain, on m’a dit quand tu rentres, on va tirer sur toi. Je suis rentré en courant et en premier, j’ai croisé le frère El Hadj Cellou Dalein. Il m’a dit: frère ça ne va pas, il faut qu’on quitte ici. Juste devant, j’ai trouvé le feu Jean marie Doré sur qui une arme était braquée par un agent. Je lui ai dit : tu ne sais pas que c’est un leader politique.
Alors j’ai pris avec moi le grand frère Cellou et Jean Marie Doré pour sortir du stade. C’est là un militaire je ne saurai déterminer qui, puisqu’il ne portait pas de béret, m’a frappé au niveau de la hanche. Depuis, j’ai un problème. Bien que je sois militaire, je ne peux pas m’arrêter plus d’une heure. Mais je n’ai pas lâché prise. Je les ai conduits jusqu’à ma voiture.
C’est ainsi que j’ai pris le frère Dalein et on a continué et je les ai conduits à la clinique Ambroise. Arrivé sur les lieux, des bérets rouges nous ont entourés pour dire que nous ne pouvons pas continuer, je me suis dit qu’on ne pouvait pas forcer la situation, on est allés ensuite au camp Samory. A ce moment, je me demandais où étaient les autres leaders, on m’a dit qu’on les a amenés ailleurs. Sur les lieux, on a donc sorti mes brancards. Juste sur le point de mettre le grand frère Cellou sur le brancard, qu’on nous a encerclés pour interdire leur prise en charge. On nous a braqué les armes et ils nous ont dit qu’ils allaient tirer si on persistait. Pour la première fois, j’ai eu peur et donc j’ai demandé à mes hommes de les embarquer à nouveau dans mon véhicule »
Et il poursuit : « Après les événements, on avait arrêté des bérets rouges qui avaient fait incursion chez Cellou Dalein Diallo, ils étaient dans le groupe de Toumba. J’étais à Kamsar, on m’a appelé pour me dire que si je ne viens pas, que Toumba et ses hommes veulent attaquer notre base pour faire libérer les siens. J’ai dit que rien au monde ne peut libérer ces gens-là. Mais Toumba n’entendait pas. Le capitaine Dadis pour une question de stabilité, avait pris l’engagement de les libérer et de les ramener encore pour répondre de leurs actes. Et depuis, Toumba et moi, on se regardait en chien de faïence »
Ainsi, après ces jours, il laisse entendre aussi : »Trois jours après les événements du 28 septembre, c’est le Général Konaté qui m’appelle pour me dire : Tiegboro, il faut qu’on se voit. Mais c’était à un endroit isolé vers Tannerie. Je lui ai dit : dis donc, tu ne peux pas me faire sortir dans le camps à cause d’un lieutenant et m’envoyer à un endroit isolé »