POUR DES ELECTIONS CREDIBLES IL FAUT DES PARTIS CREDIBLES
L’évaluation des partis politiques a été une des opérations les mieux réussies du CNRD. On a parlé de refondation et de rectification institutionnelle ces mesures devaient absolument s’étendre sur les formations politiques pour mettre en exergue leurs insuffisances et leur manque de représentativité.
En effet on dénote aujourd’hui dans le paysage politique guinéen plus de 250 partis politiques qui ne sont pas tous crédibles ni sur le plan administratif, ni sur le plan politique, ni sur le plan institutionnel. Cette prolifération des partis politiques résulte malheureusement de la crédulité des autorités d’alors de mettre en œuvre leur volonté de multipartisme intégral. Par manque de vigilance dans l’attribution des agréments, on s’est retrouvé en face de cette situation désastreuse pour la démocratie.
Depuis belle lurette cette multiplicité des partis politiques avait attiré l’attention de certains observateurs nationaux et étrangers. Le constat d’alors évoquait des partis politiques qui n’ont pour militants que le fondateur et sa famille, certains par manque de siège tenaient leur assemblée dans les salons ou dans les bars café, d’autres devaient leur existence dans des documents contenus dans un sac avec lequel le fondateur se promenait. De nombreux partis ont été créés par opportunisme et par esprit revanchard d’avoir été éjecté du gouvernement.
Ce qui signifie que les exigences contenues dans leurs documents constitutifs ne seront jamais respectées, on se livrera tout simplement à une lutte hégémonique pour se faire une place au soleil. Le danger en cela a été le communautarisme exacerbé car l’identifiant absolu d’un militant était l’onomastique. Bah, Diallo, Barry, Condé, Traoré, Keita, Zoumanigui, Doré, Goumou suffisaient à déterminer son appartenance politique. Cela est un inquiétant pour l’avenir politique de la nation et même pour le socle unitaire de la nation.
La stratégie alors adoptée par ces formations politiques a été le saprophytisme reposant sur des alliances circonstancielles. Des grands partis assuraient les locomotives pour trainer ces petits partis devenus wagons en manque de représentativité pour aller aux élections. C’est ainsi que de nombreux députés ont été élus par sur le mérite de leurs partis mais plutôt sur les avantages de ce saprophytisme politique. C’est pour cela que les travaux ont toujours été problématiques à l’hémicycle.
Cette opération d’épuration du paysage politique guinéen est salutaire pour le peuple de Guinée qui verra désormais les véritables formations aptes à le représenter. Quand un parti politique ne remplit pas les préalables nécessaires pour sa création et son fonctionnement, il mérite de disparaitre sur l’échiquier politique. Manque de documents de gestion et de formation, manque de militants, manque de siège comment un parti politique peut-il œuvrer pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé ? C’est justement cette lutte d’épuration que les nouvelles autorités sont en train de mener pour l’avenir démocratique de notre pays.
Un parti politique a le devoir d’assurer la formation politique, civique et électorale de ses militants. Mais malgré ces nombreuses années d’existence, note un manque total de ces formations au niveau des partis politiques essentiellement obnubilés par la quête du pouvoir et non pour le bonheur du peuple. A chacune des consultations électorales on a noté des violences, des milliers de bulletins nuls tout cela par manque de formation de la part de ces leaders de partis politiques. Le MATD doit continuer cette opération pour mettre à l’écart tous les partis susceptibles de l’être.
Le guinéen est champion en retournement de veste quand on les chasse à droite, ils viennent à gauche. Donc il s’agit de faire attention à l’adhésion aux idéaux du CNRD de certains politiciens en perte de vitesse, ils ne viennent pas par conviction mais par hypocrisie, ils veulent toujours se faire une place au soleil. On ne peut plus évoquer le principe du bipartisme mais, à la suite de cette épuration, il faut maintenir le minimum de partis en règle et offrant une crédibilité avérée. Les alliances de circonstance ont toujours impacté négativement la crédibilité des consultations électorales.
Lorsque chaque parti volera de ses propres ailes, on saura alors qui est qui et qui peut faire quoi. Mais tant qu’on ne mettra pas un terme au saprophytisme politique base des alliances de circonstances, aucune loi électorale ne sera à mesure de donner des résultats fiables. Ce travail doit continuer même s’il est mal apprécié par certains, il le faut car il y va dans l’intérêt national. Permettre au peuple de choisir ses représentants sans aucune influence. Il faut une volonté et un courage politique pour aboutir à un tel résultat, le peuple de Guinée vous observe et vous encourage.
Famany Condé