S’ACHARNER CONTRE UN SELECTIONNEUR C’EST MAL POSER LE DIAGNOSTIC DU FOOTBALL EN GUINEE…

Il y a très longtemps depuis le sacre du Hafia que le football guinéen a connu une véritable descente en enfer. Les raisons qui prévalaient auparavant pour la pratique du sport ne sont plus d’actualité. La patrie ne représente plus rien pour les footballeurs car, le football est devenu une affaire de business fortement lucratif. Depuis l’extinction de cette flamme patriotique chez les jeunes sportifs les choses qui concourent à la détresse du football en Guinée se sont exacerbées. Il est alors primordial pour la FEGUIFOOT de faire une analyse rétrospective de la situation que de se livrer à un limogeage absurde de sélectionneurs.

Depuis que le marasme là a commencé combien de sélectionneurs ont laissé leur peau dans la gestion du Syli national ? Le nombre est effrayant et malheureusement après chaque limogeage le Syli ne s’est jamais amélioré, ce qui signifie que la solution se trouve ailleurs. La problématique du football guinéen est plus complexe qu’on ne le croit car, elle s’étale sur deux axes fondamentaux : la gestion et les infrastructures. Ce sont là les deux maux qui gangrènent aujourd’hui le sport roi dans le pays. Peut-on parler de patriotisme à des jeunes qui se sont formés dans la rue avec toutes les difficultés inimaginables et qui par leurs propres frais sont arrivés en Europe pour s’épanouir ?

La réponse est non !

Quand les responsables appelés à gérer le football se soucient plus de leurs intérêts personnels que du succès de leur mission, il faut savoir que rien ne va bouger. Quand il y a le clientélisme et le népotisme dans le choix des joueurs, quand l’entraineur n’a pas les coudées franches dans le choix des joueurs cela devient difficile et compliqué. Comme le dit cette sagesse africaine : « On ne peut pas offrir une tête de mouton à quelqu’un en arrachant la langue ». On a remarqué dans les années passées le deal qui prévalait à la sélection des joueurs dans le seul but de partager leur prime de sélection. On se demande si la mission est d’offrir le progrès à la sélection ou de se faire les poches par les procédés peu orthodoxes. Comment peut- on dire aux jeunes de se donner à fond alors que leurs primes sont souvent escamotées par des personnes très peu scrupuleuses ? Il faut que l’on soit sérieux dans ce pays et cessez d’accuser à tort des innocents qui ne veulent que du bien pour leur pays. C’est justement cet imbroglio que Kaba Diawara a tenté de dénouer. Pour avoir porté préjudice à leurs intérêts il fallait tout de suite le débarquer pour pouvoir continuer avec cette pratique frauduleuse.

Le deuxième mal est le manque d’infrastructures sportives dans le pays qui n’a que deux stades qui ne sont même pas homologués. Le Syli joue tous ses matchs à l’extérieur dans les pays qui savent qu’il faut les moyens pour faire la réussite. Cela n’est pas honteux pour la FEGUIFOOT qui d’ailleurs se plait dans cette pratique avec les retombées financières que cela procure. Comment se joue le piteux championnat guinéen autour duquel il y a toujours des entourloupettes et des guerres d’égo pas pour le progrès des clubs mais pour l’hégémonie de certaines personnes. Avant les jeux olympiques en Espagne, Barcelone ne représentait presque rien mais, après ces jeux qui ont vu la réalisation de nombreuses infrastructures sportives, cette ville est devenue aujourd’hui le premier pourvoyeur de stars du football mondial. Le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire sont autant de modèles que l’on peut suivre en construisant des infrastructures sportives honorables. Au lieu de cela on se complait dans la valse des entraineurs pour cacher leur irresponsabilité et la démission de l’Etat dans son devoir régalien.

Qu’on cesse de se moquer du peuple de Guinée en faisant croire que la responsabilité des multiples échecs de la sélection nationale incombe aux entraineurs. Michel Dussuyer, Patrick Neveu, Paul Putt, Kanfory Lappé Bangoura ont tous été sélectionneurs et ils ont été tous éjectés par manque de résultats, alors pourquoi vouloir rappeler des hommes qui n’ont aucun palmarès, Dussuyer a été chassé du Bénin car il n’a pas pu qualifier ce pays lors de la CAN en Côte d’Ivoire. Kaba Diawara est bien parti mais, il faut reconnaitre que l’homme a réussi à faire espérer les populations guinéennes. Avec le temps il aurait pu construire une sélection dépouillée de toute magouille, de tout clientélisme et de tout népotisme. Il choisissait selon le mérite et la performance des joueurs, c’est pourquoi les critiques ont fusé contre lui lorsque certains joueurs ne se retrouvaient pas dans la liste des sélectionnés.

Un sport comme le football ne se gère pas par l’émotion, par la subjectivité ou par mépris. Il faut la raison, la discipline, la rigueur et la constance. Ce n’est pas l’humeur de certains individus qui peut apporter la solution à une telle situation. Tant qu’on arrivera pas à moraliser la gestion des instances du football, tant qu’on n’arrivera pas à construire des infrastructures sportives sa gestion ressemblera au mouvement de la mer avec son éternel recommencement. Il faut craindre fort la non qualification probable du Syli à la prochaine CAN car, avec le passé peu reluisant de ces nouveaux responsables, les joueurs ne seront plus enthousiastes à répondre à une quelconque invitation.

Famany Condé