EDITORIAL« Ecrire, c’est dévoiler le monde et le proposer comme une tâche à la générosité du lecteur. »
La nation est comme un navire ; tout le monde doit contribuer à la direction du gouvernail. Aucun individu n’a le droit de se soustraire de la vie de sa nation, par devoir et par droit, il est condamné à y participer. Il est donc venu le temps pour tous les acteurs sociopolitiques et culturels de savoir qu’ils ont le droit et le devoir de soutenir cette transition, qu’ils sont profondément enfoncés dans la vie des autres hommes, donc dans la vie commune. La réalité est que nous ne sommes plus en phase avec ceux qui veulent posséder le monde mais avec ceux qui veulent le changer. Depuis combien d’années notre combat se résume à la conquête du pouvoir, combien de vies ont été sacrifiées sur l’autel des ambitions personnelles et jusqu’à présent nous continuons à nous enliser dans les mêmes erreurs.
Une société unie n’est pas une société sans différences, mais une société sans frontières intérieures. La race est la pierre angulaire sur laquelle repose l’équilibre des nations. Elle représente ce qu’il y a de plus stable dans la vie d’un peuple. Donc c’est abject de vouloir fonder son hégémonie sur une communauté ou sur une ethnie, une telle démarche demeure toujours inféconde face à la réalité qui s’offre. Trois espèces de spectateurs composent ce qu’on est convenu d’appeler le public : en premier lieu les femmes, en deuxième lieu les penseurs et enfin la foule proprement dite. Il est très difficile de cerner un mouvement de foule que malheureusement beaucoup confonde à une force or, une foule n’est accessible qu’à des émotions, elle est incapable d’une attitude d’esprit objective.
« Tous ceux qui ont renversé la loi morale établie ont toujours été considérés comme de méchants hommes. L’histoire traite presque exclusivement de ces méchants hommes qui plus tard ont été appelés bons. » Le jugement que porte le peuple sur ces nouvelles autorités est mitigé, une partie et non des moindres soutient le CNRD, en qui elle voit une réelle volonté de changement. Cette contradiction est l’essence même de la lutte des classes, cette dualité caractérise toutes les activités humaines. C’est justement ce rapport de force qui est le moteur de l’histoire. Nous ne pouvons pas tous avoir le même choix, il faut des différences ce qui est normal mais, mépriser celui d’autrui est un mauvais jugement. Il est loisible de critiquer et de proposer des solutions pour qu’ensemble on puisse sortir de cette impasse de la transition.
Il faut savoir que si on connaissait toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, personne ne serait en peine de délibérer quel jugement et quel choix il doit faire, dans ces conditions il serait libre sans être jamais indifférent. La vie d’un peuple n’a jamais obéi au calcul de probabilité que l’on fait. Le peuple est fluctuant, il est changeant il aspire toujours au nouveau et non à un recommencement perpétuel et statique. Aujourd’hui il faut reconnaitre que malgré certaines insuffisances, des progrès significatifs ont été engrangés mais, lorsqu’on regarde à travers un autre prisme, il est difficile de voir et de reconnaitre cela. Celui qui est opposé peindra toujours en noir ces réalités à la hauteur de son mépris et de son ambition à occuper cette place dont il rêve tant.
Quand les femmes et les jeunes s’engagent à soutenir une orientation politique, il faut se méfier de la combattre. La seule chose qui demeure intelligente et raisonnable à faire, est d’œuvrer au rétablissement du dialogue social inclusif. Que les spadassins des deux côtés comprennent que la solution pour une paix durable est la culture de l’acceptation de l’autre. Une confrontation ouverte avec la radicalisation des positions n’aboutira à rien d’autre qu’à la souffrance populaire. Il faut mettre fin aux supplices du peuple de Guinée qui a été longtemps victime des jugements égocentriques de ceux qui ont toujours déclaré lui apporter le bonheur.
Les actions que posent le CNRD ne seront pas des divertissements, mais des obsessions qui ne donneront pas le monde à voir, mais à changer !
Par Famany Condé