Affaire Ahmed Kanté vs Zatov : l’affaire renvoyée au 27 janvier en raison du choix d’un interprète
Accusé d’abus de confiance et de concurrence déloyale au préjudice de la société African Bauxite Corporation (ABC), représentée par le Russe Alexandre Zotov, le procès de l’ex-ministre des Mines Ahmed Kanté a repris ce lundi 20 janvier au tribunal de première instance de Kaloum.
L’audience de ce jour était consacrée à la comparution d’Alexandre Zotov, à la déposition de ce dernier et à la présentation d’un interprète chargé de traduire les propos de la partie civile en anglais.
Mais malheureusement, dès le début, les avocats d’Ahmed Kanté se sont opposés au choix de l’interprète, affirmant ne pas avoir été associés à sa désignation.
Pour les avocats de la partie civile, la question de la désignation de l’interprète n’est pas un problème, mais comme ils l’ont précisé : « Il faut que l’interprète soit à la hauteur. Le parquet doit choisir quelqu’un de compétent afin qu’il n’y ait pas de discussions entre nous. »
La défense a réagi en indiquant : « Nous souhaiterions que le parquet prenne en charge cette désignation pour éviter toute contestation. » En réponse, le ministère public a assuré : « Nous trouverons un interprète. Celui qui sera désigné sera présenté aux deux parties avant la prochaine audience. »
Interrogé, Me Sékou Fofana, avocat à la Cour et défenseur de M. Ahmed Kanté, a souligné, tout comme les autres accusés, que la partie civile est coutumière de telles pratiques.
« Le motif du renvoi est toujours le même : la partie civile négocie les interprètes qu’elle paye pour les faire venir. Lors de la procédure d’instruction devant le magistrat instructeur, nous avons constaté cela et nous avons tout fait pour faire récuser cet interprète, mais le magistrat n’a pas voulu. Le problème, c’est que cet interprète ne rectifiait pas ou traduisait mal les propos », a-t-il dénoncé avant de poursuivre : « Aujourd’hui encore, c’était le tour de la partie civile d’être entendue par le tribunal.Nous pensions que le tribunal avait déjà trouvé un interprète, mais à notre grande surprise, celui qui a été présenté était celui qu’ils ont amené, et il a été appelé à la barre. Il est donc possible qu’il déforme les déclarations de M. Zotov. C’est pour cette raison que, conformément au code de procédure pénale, nous avons jugé nécessaire de récuser cet interprète. »
Il a ajouté : « Le principe du contradictoire est en jeu. La partie civile affirme qu’il ne parle qu’anglais, mais la langue officielle de travail en Guinée est le français. Certains magistrats et avocats ne comprennent pas l’anglais. Si un tel interprète ne parvient pas à se faire comprendre du tribunal ou des conseils des deux parties, comment l’audience pourrait-elle se tenir correctement ? Tout cela vise à permettre au tribunal d’apprécier sereinement la situation afin de rendre une décision qui pourrait satisfaire les parties. »
À la question de savoir qui serait chargé de désigner cet interprète consensuel d’ici la prochaine audience, Me Sékou Fofana a répondu : « Cela a été précisé à l’audience. Le tribunal a pris la décision de confier cette tâche au ministère public, puisqu’il est le poursuivant principal, afin de trouver un interprète d’ici là. Il existe des cabinets agréés et le ministère des Affaires étrangères. Je pense qu’il sera en mesure de trouver un bon interprète, car c’est ce que nous recherchons finalement : éviter que chaque partie soupçonne l’interprète d’être de l’autre partie. »
Après avoir écouté les deux parties, le tribunal a renvoyé l’affaire au 27 janvier pour la désignation d’un interprète sous la direction du ministère public.
Mohamed Ybno