C’ETAIT MIEUX AVANT !

Feu Ahmed Sékou Touré disait : « La première loi du progrès est la conservation de ce qui est acquis », cette assertion est une vérité transtemporelle qui se vérifie justement avec ce que les guinéens vivent aujourd’hui. Le 5 septembre 2021 a été une éclipse totale dans l’univers guinéen qui a connu le chamboulement de toutes les valeurs politiques, économiques et sociales du pays. D’un revers de la main on a balayé systématiquement tout ce qui avait contribué à placer le pays sur l’orbite du développement, les structures, les hommes et mêmes les institutions. Aujourd’hui les guinéens ont l’impression de vivre un mauvais cauchemar à cause de l’inattendu des nouvelles réalités qui caractérisent leur pays.

Le ridicule ne tue pas, qui pouvait croire, que sous les auspices de celui-là même qui a déclaré qu’il n’y aurait plus d’exactions contre qui que ce soit pour délit d’opinion, les journalistes pouvaient être gazés et molestés par la police. La loi L 02 qui protège les journalistes a été violée délibérément par la police sous l’autorité du CNRD. Un tel acte témoigne du recul de la démocratie dans le pays. Ce qui ne corrobore pas avec les déclarations du 5 septembre 2021. Le colonel putschiste avait promis dans son adresse au peuple de Guinée de merveilleuses choses telles que la justice qui serait sa boussole, le respect des droits humains, la refondation de l’Etat, l’abandon des erreurs du passé, la création du bonheur pour le peuple qui a longtemps souffert, la réforme de l’administration, la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics etc. Rien de tout cela n’a été appliqué car on assiste aujourd’hui à des dénis de justice avec l’incarcération des anciens dignitaires du régime déchu pour des faits non prouvés et non élucidés. Cette chasse aux sorcières ressemble plutôt à un règlement de compte qu’à un jugement.

Si les populations guinéennes n’ont pas eu droit au bonheur promis cependant elles ont eu droit à la pauvreté absolue, qui ronge aujourd’hui les hommes et les femmes de ce pays. Toutes les activités se résument simplement à la quête de la pitance quotidienne. La plupart des foyers n’arrivent plus à assurer les deux repas. La cherté de la vie est telle que les guinéens ne savent plus à quel saint se vouer. Partout à travers le pays les populations réclament le retour de leur président, le Pr. Alpha Condé, ce qui prouve réellement que la junte au pouvoir a échoué à tenir ses promesses.

L’insécurité est devenue totale dans le pays, il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne parle de braquage, d’assassinat, de viol, de vol, ou de découverte de cadavres. Cela est le témoignage de l’impuissance du CNRD a protégé les populations contre les prédateurs de la société. Le népotisme, le clientélisme ont caractérisé le choix des cadres pour les postes qu’ils ne méritent pas et qu’ils ne peuvent pas tenir. La conséquence de cela se traduit par le mauvais fonctionnement de l’administration générale et l’existence dans certains départements de cabinets parallèles. Le fossé s’est fortement élargi entre les riches et les pauvres, on assiste aujourd’hui à la naissance d’une nomenklatura composée de nouveaux riches, des parvenus du pouvoir du CNRD.

La lutte contre la corruption n’a été qu’un vain slogan car, aujourd’hui plus que par le passé elle est d’actualité. Les marchés de gré à gré offerts à des amis ou proches foisonnent à satiété dans le pays. Les immeubles et les villas poussent comme des champignons dans la capitale et ses environs. Ceux qui hier n’étaient rien sont devenus aujourd’hui arrogants à cause du couloir d’enrichissement qui leur a été ouvert par la junte.

Quand la vision du chef n’est pas celle de son entourage, il doit craindre pour ne pas être jeté dans un précipice. C’est justement cet entourage qui dira après catastrophe, il ne nous écoutait plus et voilà qu’il a foncé droit dans le mur. Le fait de dire que la CRIEF peut s’intéresser aussi aux actuels membres du gouvernement est une preuve éloquente de la gabegie financière des nouvelles autorités. Le colonel Mamadi Doumbouya doit savoir que tout ce qui va se passer sous son magister, la responsabilité lui sera imputée. Le cas Dadis est illustratif, où sont les Moussa Keita, les Chérif et tous les autres qui l’encensaient avec le slogan absurde « Dadis ou la mort ». Le manque d’informations crée la confusion, c’est pourquoi le Responsable Suprême de la Révolution disait toujours « que la confusion est l’ennemi de la révolution ».

Les récents évènements du pays font planer une réelle inquiétude sur la gestion de la transition. Jamais le CNRD n’a donné sa nomenclature, jamais les autorités n’ont fait la déclaration de leurs biens, et tout ce que le colonel Mamadi Doumbouya reprouvait au lendemain est en train de s’étaler au grand jour, les mouvements de soutien, des activités du genre « Semaine de la Transition ». Le président de la transition serait-il atteint de la boulimie du pouvoir ? En tout cas il faut le craindre car si cela s’avérait, de nombreux scénarios passés sont à craindre.

Le pire peut toujours être évité si le colonel Mamadi Doumbouya a le courage de procéder à un délestage. Se défaire de tous ceux qui à dessein sont en train de nuire à son image du 5 septembre 2021, gravée dans la mémoire des populations guinéennes. Réparer les torts causés aux anciens dignitaires en procédant à leur jugement ou en les libérant conformément à la déclaration de la cour de justice de la CEDEAO. La justice est le pilier fondamental de la restauration du crédit que le peuple peut accorder à la transition. Donc comme il l’a dit le 5 septembre 2021, elle doit absolument servir de boussole à la transition. Poser objectivement les jalons qui doivent conduire à un retour à l’ordre constitutionnel, l’organisation des élections libres et transparentes, l’organisation d’un dialogue inclusif qui regrouperait toutes les parties, la société civile, les partis politiques, les syndicats etc.

La transition n’est pas seulement l’affaire de la junte, elle implique la nation toute entière car, c’est de l’avenir de cette nation qu’il s’agit et non pas de l’intérêt de quelques individus. Si le colonel avait suivi la voie qui l’a poussé à prendre le pouvoir, les choses ne seraient pas comme elles le sont aujourd’hui mais hélas, aurait-il été marabouté, embrigadé par des forces obscures que pratiquent souvent ceux qui se font passer pour faux dévots du chef ? A vrai dire les guinéens ont découvert un autre colonel Mamadi Doumbouya différent de celui du 5 septembre 2021. Que le bon Dieu l’éclaire et le protège des affres et des machinations diaboliques des gens qui gravitent autour de lui.

« Le fils d’Adam, à deux pieds et deux mains, il faut le craindre car il peut se révéler fils de cheytane ou du diable ».Que le bon Dieu protège et sauve la Guinée !

Par Famany Condé