ENFIN, UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE !

Le Général Mamadi Doumbouya a nommé BAH Oury comme Premier ministre dans un décret lu sur les antennes de la RTG. Cette nomination n’a pas surpris les Guinéens car, depuis l’avènement du CNRD, cet opposant a toujours lorgné les couloirs du palais Mohamed V en compagnie d’autres qui n’ont pas bénéficié de cette faveur du chef de l’Etat. Sa nomination intervient dans un contexte de tension sociale qui paralyse depuis 72 heures l’ensemble des activités administratives, économiques et sociales du pays. Un mouvement syndical décidé à en découdre avec les dérives autoritaires du pouvoir en place dans sa volonté liberticide, avec le musèlement de la presse et la restriction des libertés collectives.

C’est le troisième Premier ministre que connait cette transition en deux ans. On se demande réellement pourquoi une telle valse à un poste cependant hautement stratégique car il reflète l’essentiel de l’orientation de la politique du CNRD. Bah Oury est un homme politique qui a de l’expérience dans la conduite d’un parti politique et aussi dans la gestion administrative, pour avoir été auparavant ministre de la République chargé de la réconciliation nationale. Cet acquis qu’il possède permettra certainement le dénouement de cette crise qui n’a que trop duré. Il saura se mettre au-dessus des divergences pour rapprocher les positions jugées inconciliables et donner une ouverture à un ensemble fédérateur de toutes les sensibilités politiques de la nation.

Sa mission est éminemment politique, son choix n’est pas un hasard, il tient compte du parcours de l’homme et de sa volonté affichée pour le développement de ce pays. Le CNRD s’est ravisé du fait qu’une transition est avant tout politique, et lui et Bah Oury ils sont en train désormais de tirer leur dernière cartouche pour la réussite ou l’échec de cette transition. On saura avec cette troisième nomination, à qui incombe la faute entre le CNRD et le Premier Ministre. Bah Oury sera-t-il réellement Premier Ministre, chef du gouvernement ou premier des ministres ? Cette question mérite bien d’être posée car, ses deux prédécesseurs ont été l’ombre d’eux-mêmes et non un Premier ministre fondé de pouvoir. Avec son âge, sa personnalité et sa dignité il pourra certainement à la limite de l’acceptable, conjuguer avec le CNRD. Il a longtemps critiqué les pouvoirs successifs et maintenant qu’il arrive aux affaires on pourra mieux le juger car, Ahmed Sékou Touré a dit : « L’homme se juge par ce qu’il dit ou ce qu’il fait. Mais si ce qu’il dit est contraire à ce qu’il dit, on le jugera donc par ce qu’il fait ».

La transition guinéenne en deux ans a connu trois premiers ministres et trois ministres de la justice, il y a de quoi se demander sur la volonté réelle de cette junte à restaurer l’Etat de droit. Mais l’espoir est cependant permis avec le choix de Bah Oury qui doit pouvoir rehausser sa propre popularité et éviter de ressasser son passé pour remettre dans le jeu politique les trois grands partis à savoir : le RPG, l’UFDG et l’UFR, c’est à ce seul prix qu’il pourra réussir sa mission. Le Général Mamadi Doumbouya a déclaré que la CRIEF n’est pas faite seulement pour les anciens ministres du Pr. Alpha Condé, la dissolution du gouvernement avec gèle de leur compte présage déjà le manque de clarté dans leur gestion et le détournement de deniers publics.

Bah Oury doit avoir le courage de choisir ses collaborateurs pour éviter toute reconduction des ministres qui ont pollué la réputation de la transition. Qu’il sache que c’est lui qui est tenu au résultat, les autres ne feront que le juger en bien ou en mal en fonction de la ligne de conduite qu’il adoptera. Qu’il agisse comme feu Jean Marie Doré qui a réussi à se mettre au-dessus de toutes les contingences politiques de son temps et heureusement il était présent. Pour avoir été nommé premier Ministre il a l’obligation morale d’être impartial ans le jeu politique car déjà, il ne peut plus faire acte de candidature aux prochaines échéances électorales.

Espérons qu’avec son expérience et la volonté d’unité nationale qu’il a toujours affichée, il pourra être l’homme de la situation.

Famany Condé