Indignité collective autour de la dépouille de Hadja Djènè
CondéC’est avec beaucoup de peines et un pincement au cœur que je prends l’initiative de faire ce papier. Depuis l’annonce de la triste nouvelle du décès de l’ancienne première dame de la république, Hadja Djènè Condé née Kaba, j’avais décidé de compatir à la douleur de la famille éplorée à mon échelle personnelle et de me souvenir de la femme forte et humble qu’elle a été. Mais hélas, ce décès a été suivi d’une polémique déshonorante pour notre pays à tel point que je me vois dans une certaine obligation morale de réagir. Puisse Dieu m’en excuser.
L’annonce du décès de Madame Condé Hadja Djènè a été accueilli avec tristesse et émotion par l’opinion publique. Les messages de condoléances affluaient de partout avec une unanimité qui n’était pas démentie : Hadja Djènè Condé a été une femme pieuse, digne, humble et noble, et qui aura consacré toute sa vie à aider les plus fragiles de notre société à travers sa fondation Prosmi.
Cette ambiance unanime empreinte de dignité a laissé place à une polémique avilissante et attentatoire aux bonnes mœurs dont le communiqué signé de la Présidence de la république en est l’origine.
En effet, le communiqué du palais Mohamed V annonçant le décès au peuple de Guinée a ignoré royalement le mari de la défunte, de surcroît ancien Président de la république et qui plus est vivant.
Voilà l’origine de la polémique. Tous ceux qui ont lu ce communiqué ont été pris de malaise à la hauteur de la bourde. Les bonnes gens n’ont pas hésité à le faire savoir de façon publique.
Cependant, au-delà de cette faute inexcusable, pourquoi l’État a-t-il pris l’initiative d’aller présenter les condoléances à la coordination mandingue, en lieu et place de la famille mortuaire ? Ma foi je n’ai pas compris un tel choix. La coordination mandingue est-elle le veuve ou la famille éplorée ? Bien que feue Hadja Djènè Condé, son mari le président Alpha Condé soient issus de cette communauté, était-ce le lieu indiqué pour présenter des condoléances ; surtout que les messages sont reçus au domicile du mari ?
C’est là que l’erreur commise par le biais du communiqué a été démultiplié de façon grossière. Je ne dis pas qu’aller présenter les condoléances aux « sages » de la coordination était une mauvaise chose. Cela dit, la démarche aurait dû être précédée d’une délégation dans la famille éplorée de l’ancien président de la république.
Jusqu’ici je me refuse de croire que le Colonel Doumbouya ait validé une telle démarche. Lui aussi fils du manding et de Kankan comme la défunte, il est imprégné de la pratique à suivre en de pareille circonstance mieux que quiconque.
L’erreur est humaine, la perfection divine. Mais persister à la répéter relève de la bêtise humaine.
Il n’est pas encore trop tard pour réparer ce qui n’est plus une erreur mais une grossière faute. C’est le lieu pour moi d’interpeller ici directement le colonel Mamady Doubouya, chef de l’État à l’effet de prendre l’initiative d’un nouveau communiqué pour présenter les condoléances de la république à l’ancien président et de prendre contact, via la coordination mandingue, avec la famille de l’ancien président pour l’organisation de funérailles dignes de la femme qu’a été Hadja Djèné Condé.
Il n’est pas trop tard pour réparer cette indignité collective qui déshonore la république et souille la dépouille de la défunte qui a consacré sa vie à aider les plus fragiles d’entre nous.
Puisse le Tout-puissant Allah l’accueillir parmi les gens de bien. Amen !
Alexandre Naïny Berete