SI LES GUINEENS POUVAIENT REFLECHIR UN PEU!

L’histoire n’est pas répétition mais au regard de tout ce qui pointe à l’horizon, il faut craindre le scénario de 2009. Les circonstances qui ont entrainé le massacre du 28 septembre sont devenues encore plus présents dans la mentalité et le quotidien des guinéens. Face à une telle situation quel doit être le comportement des uns et des autres, la retenue rien que la retenue.

  Après la tragédie de septembre 2009 les autorités militaires d’alors, les forces vives comprenant les partis politiques se sont rendues à Ouagadougou pour signer un accord. C’est à l’issue de cet accord que les élections seront programmées. 24 candidats pour la présidentielle et ces élections ont été des plus fastidieux à cause du manque e confiance entre les acteurs politiques. Il aura fallu la présence d’un malien pour dénouer cet imbroglio électoral.

Avec l’élection démocratique d’un président, on a pensé que le problème guinéen allait trouver sa solution mais loin s’en faut car on a assisté à une autre forme de contestation basée sur la violence et des actes incivils. La Guinée passera plus de dix ans dans cette situation de contestation qui a fait des dizaines de morts et des dégâts matériels importants. On se demande à qui aura profité ces violences. C’est dans cette incertitude que le coup d’état du 5 septembre est intervenu. Les nouvelles autorités ont fait de bonnes annonces et le peuple en entier a donné le quitus à la junte.

Des programmes ont été engagés pour la refondation et la mise en place d’institutions crédibles pour baliser la nouvelle voie à choisir. Le défaut fondamental du guinéen est le manque de confiance entre les acteurs politiques, on a l’impression que chacun tire la couverture de son côté. Tant qu’une telle mentalité existera chez nos hommes politiques on ne sortira pas de l’auberge, on restera toujours à la case de départ.

Pourtant on devait tout faire pour que cette transition soit la dernière pour le pays mais, malheureusement cet espoir s’est évanoui à cause du bellicisme de certaines entités. Il faut mettre la pression sur la junte pour qu’elle organise les élections dans les conditions que tout le monde connait. Il y a des préalables pour organiser des élections, le coût financier, la liste électorale, la constitution qui doit définir les lois et les principes. Rien de tout cela n’a commencé et on se focalise déjà sur la date du 31 décembre 2024.

Le risque de répétition des évènements de septembre 2009 est réel avec l’obstination des uns et des autres. Tous déclarent vouloir apporter le bonheur à ce peuple de Guinée qui en a tant besoin. Mais ce bonheur ne peut être acquis dans la confrontation dans la mésentente. Il faut que les guinéens acceptent de se parler, de se pardonner et de s’accepter, tant qu’il n’y aura pas cette solidarité agissante on aura jamais ce que l’on veut. Il faut refuser la radicalisation des positions qui représente un réel danger social.

Cela fait mal de voir aujourd’hui les autres pays avancer et que depuis plus de trente ans on se bat pour le pouvoir dans notre pays. On est déjà trop en retard, il faut en prendre conscience et penser aux générations montantes pour qu’elles ne soient les victimes innocentes de notre échec. Les enfants qui se donnent la mort dans le désert dans la Méditerranée le font par désespoir car pour eux l’horizon est bouché et aucune perspective d’avenir n’est en vue.

Les autres peuples ne sont pas plus intelligents que nous, c’est ce manque de patriotisme, cet égocentrisme étriqué qui phagocyte les espoirs de progrès. Les valeurs existent bien dans notre pays, des hommes vertueux et intègres qui peuvent ramener tout le monde à la table de négociation, les sages, les religieux doivent faire crédit d’impartialité dans le jugement qu’ils portent sur les hommes. Tous ceux qui peuvent apporter quelque chose de positif sont concernés dans cette démarche. Il faut être acteur dans le rétablissement de la paix social, refusons d’être des spectateurs passifs.

Donnons-nous la main et refusons que la case guinée brûle à cause de notre indifférence, notre obstination et notre méchanceté.

Famany Condé