DADIS CAMARA : « Je n’ai instruit personne, aucun militaire, à se déplacer ce jour en direction du stade du 28 septembre. »
De nouveau ce mardi 10 janvier 2023, à la barre devant le Tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, pour donner sa versions des faits dans les événements du massacres du 28 septembre 2009, le capitaine Moussa Dadis CAMARA en répondant aux questions de Me Halimatou Camara, avocate de la partie civile, dit ne pas être ni de prés , ni de loin de ce qui s’est passé au stade ce jour ayant causé la mort de moins de 150 personnes et une centaine de femmes violées.
C’est pourquoi il n’a pas manqué de dire que les agents des forces de défense et de sécurité qui se sont rendus au stade pour commettre ces exactions, y sont allés pour avec leurs propres objectifs.
Voici leur échange :
Me Halimatou Camara : Après le massacre, quel sort a été réservé aux leaders politiques ?
Moussa Dadis Camara : J’estime que cela était du ressort du ministère de la santé. Ce que je sais, c’est que les blessés étaient en sécurité à Donka. Les blessés n’ont pas eu de problèmes, contrairement à ce que vous pouvez croire. Le ministre de la santé est venu, j’ai fait ce que je devais faire. Ce qui était important ce jour, il fallait prendre toutes les dispositions nécessaires par rapport aux leaders politiques et sur le cas des blessés. Alors, ce qui s’est passé au stade, c’est indépendamment de ma volonté.
Me Halimatou Camara : Je veux comprendre quelle a été votre motivation d’avoir envie ce jour-là de vous rendre personnellement au stade, alors que vous-même vous dites qu’à la veille, il y a eu un communiqué demandant à tous les hommes en uniforme de rester dans les casernes. Pourquoi vous-même, le jour du massacre du 28 septembre, vous aviez entravé ce mot d’ordre ?
Moussa Dadis Camara : Ce n’était pas dans le sens d’entraver comme vous pouvez le comprendre. Un chef d’État, lorsqu’il est question de faire la paix, je pense que c’est un des rôles principaux. Lorsque je vois ma population se faire massacrer, si j’ai la possibilité d’aller vers cette population, rien ne peut m’empêcher de le faire. Si je l’ai fait, chose qui n’a pas abouti, j’estime que ce n’est pas un acte condamnable.
Me Halimatou Camara : Les hommes en uniforme qui sont allés au stade du 28 septembre ont donc suivi votre exemple parce ce que vous avez voulu vous y rendre ?
Moussa Dadis Camara : Ceux qui sont allés au stade, sont allés pour leurs objectifs. Je n’ai instruit personne, aucun militaire, à se déplacer ce jour en direction du stade du 28 septembre.
Me Halimatou Camara : Il y a eu 157 personnes tuées, des femmes violées, la vie de nombreuses personnes bouleversée. Vous, en tant que président de la République à l’époque, vous n’avez aucune culpabilité par rapport à ça ?
Moussa Dadis Camara : J’ai été clair : si des gens sont partis sans mes instructions, pour ne pas dire que ça n’engage qu’eux, tant mieux pour eux.
Me Halimatou Camara : Avec l’aide, l’apport, la collaboration de votre ministre de la défense de l’époque, est-ce que vous avez mené des enquêtes pour savoir quels types d’armes avaient été utilisés au stade ?
Moussa Dadis Camara : Au moment où les faits se sont produits, et lorsqu’on parlait de bérets rouges de la garde présidentielle, c’est le cas des morts qui était plus préoccupant, et ensuite celui des blessés.
Me Halimatou Camara : Dans quelle mesure le cas des morts et des blessés était préoccupant ? Parce que nous sommes là pour les morts et les blessés, nous sommes là pour rendre justice.
Moussa Dadis Camara : Imaginez, lorsqu’on tue sauvagement des êtres humains, c’est préoccupant pour quelqu’un qui est à la tête d’une nation. Vous ne pouvez même pas dormir, vous êtes hors de vous-même.
Me Halimatou Camara : Pour la manifestation de la vérité, est-ce qu’il n’était pas utile de savoir si les armes utilisées contre les manifestants à l’époque étaient des armes de dotation de notre armée ?
Moussa Dadis Camara : C’est le rôle du département de la sécurité. Quand il y a eu cette situation, c’est le département de la sécurité qui doit s’en charger.
Mohamed F Camara