Guinée : les travailleurs de la société Diamond Cement entrent en grève ce jeudi
Les travailleurs de la société Diamond Cement sis à Kagbelen dans la commune urbaine de Dubréka ont lancé ce jeudi 2 mars une grève générale illimitée. Les 139 travailleurs de cette société réclament à la direction l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail notamment l’ouverture des négociations annuelles franches, sincères et crédibles autour de leur plateforme revendicative.
Pour ce faire entendre, ils scandaient des slogans écrits sur les pancartes et hostiles à la direction : » huit ans sans embauche, trop c’est trop. Nous voulons le respect du code de travail. Mauvaise qualité des EPI. Pas de prise en charge médicale. Aidez-nous. »
Dans une déclaration lue devant les médias, Sékouba Kouyaté, porte-parole de la délégation syndicale dénonce le refus des responsables de cette unité industrielle d’ouvrir un couloir de négociations: » Dès notre élections le 22 juillet 2022, nous nous sommes mis à la recherche d’un cadre de dialogue avec nos collaborateurs (employeurs ndlr), mais en vain. C’est un refus catégorique du côté du management de l’usine à ouvrir les négociations dans l’intérêt supérieur de la société. Cette position stérile de la direction ne nous a pas laissé le choix que de faire recours à un préavis de grève qui a été suivi d’un avis de grève conformément aux dispositions légales de la République de Guinée qui d’ailleurs a expiré ce mercredi, 1 mars 2023 à minuit. Par conséquent, après toutes ces rencontres avec les membres de la direction à l’enceinte de l’usine puis d’autres pourparlers à l’Inspection Générale du Travail sans succès, nous avons décidé d’aller en grève à partir de ce jeudi, 2 mars 2023 conformément aux articles 431.1;431.2;431.3 et suivant le code du travail de la République de Guinée «
Malgré un contrat à durée indéterminé (CDI), les travailleurs détenteurs de ce contrat ne perçoivent qu’un salaire de 1.100.000 (un million cent mille) à la fin du mois sans aucune prise en charge sanitaire et de prêt bancaire.
« Nous déplorons le sort des travailleurs évoluant dans cette entreprise depuis la construction jusqu’à maintenant, plus particulièrement dans ces sociétés intérimaires qui ne sont plus en conformité avec l’article 135.7 du code du travail. Huit (8) ans dans la sous-traitance, trop c’est trop. Figurez-vous que nous buvons une eau de forage sans un seul filtre, on n’a pas de cantine, on n’a pas d’assurance santé, on n’a même pas un département de santé et sécurité au travail. Nous sommes pourtant des êtres humains, des guinéens, des enfants, des maris et des pères d’autrui. Sachez que c’est ne pas la première fois que nous grévons ici, ça sera la 3ème en l’espace de 7 ans et tant qu’on ne trouve pas des solutions afin d’offrir un climat plus favorable qui suscite un épanouissement humain durable pour ces travailleurs, les problèmes surgiront encore et encore », déclare Sékouba Kouyaté
Les mêmes conditions de sous-traitance sont dénoncées par Karamo Fofana, gréviste : « Quand nous tombons malade ici, on a droit qu’à deux comprimés de paracétamol. En plus, on ne mange rien à l’usine ici, si tu n’achètes pas tu ne mangeras pas. Nous avions tout fait pour changer cette situation, mais impossible. Ce n’est pas la première fois qu’on fait la grève. Mais cette fois-ci, si nos revendications ne sont pas prises en compte, on ne s’arrêtera pas. Dans cette affaire, quand tu approches les indiens, ils te disent que le problème se situe au niveau de nos frères guinéens, et quand tu vas voir les chefs noirs, ils te disent que ce n’est pas eux que c’est la faute aux indiens. Nous on ne sait plus à quel saint se vouer. Ici, nous vivons quotidiennement dans la poussière sans protection. On vient de perdre un ami du nom de Fodé Soumah, c’est la poussière qui l’a tué. Même moi qui vous parle là, je viens de me remettre il y a pas longtemps. Je souffrais d’un terrible rhume. Même ce matin si vous voyez que tout le monde n’est pas venu c’est parce que beaucoup sont malades. C’est pourquoi nous sommes sorties ce matin pour que les autorités puissent faire face à notre situation. On n’est pas venu pour jeter des cailloux, nous voulons être entendus à travers l’ouverture d’un couloir de négociation afin de prendre en compte nos préoccupations. »
Une manifestation qui s’est déroulée en présence des responsables de l’usine qui ont catégoriquement refusé de s’apprêter à répondre à nos questions une manière de donner leur avis sur cette grève.