LA PRIMATURE, ABOUTISSEMENT OU ECHEC DE LA CARRIERE POLITIQUE DE BAH OURY…

Quand le CNRD a dissous le gouvernement dirigé par Dr. Bernard Goumou, les observateurs de la vie politique nationale, ont émis le souhait de voir un homme politique à la primature, alors Bah Oury a été heureusement choisi pour ce poste de Premier Ministre chef du gouvernement. Le Président de la transition vient de poser un acte solennel par ce choix d’un homme, qui a une carrière politique bien fournie et qui connait profondément les arcanes de la vie sociopolitique guinéenne. Il ne pouvait pas faire mieux pour la sauvegarde de la paix et de la quiétude sociale.

Comme on aime à le dire souvent, la balle est désormais dans le camp des politiciens et précisément dans les mains de Bah Oury. Le nouveau Premier Ministre est en face d’un chantier immense que seule son expérience et sa maturité politique pourront le sauver dans l’accomplissement de sa mission. De nombreux défis l’attendent et pas des moindres à savoir : défi politique, économique, social et culturel. Il vient d’hériter d’une situation dans laquelle le pays est confronté à une série d’avatars qui affectent négativement la vie sociopolitique de la nation.

Bah Oury doit savoir qu’il est arrivé au faite de sa carrière politique en acceptant ce poste car, pour cette transition il ne pourra plus faire acte de candidature ni à la présidentielle, ni aux législatives.

La primature devient pour lui le point de départ de la réussite ou de l’échec de sa carrière politique. Il lui reviendra donc de déjouer tous les traquenards sur son parcours ce qui ne sera pas facile, prouver par sa ligne de conduite qu’il est capable de s’assumer en faisant peau neuve et esprit neuf. Personne ne doute de la capacité intellectuelle de Bah Oury, son cursus scolaire et universitaire le prouvent à suffisance, de même que son parcours politique qui le crédite également d’une riche expérience dans la conduite des affaires de l’Etat.

Son premier défi sera de rassurer tout le monde par sa force de pardon et sa volonté de tourner la page des affronts, des coups bas dont il a été victime de la part de certains hommes politiques, qu’il comprenne que cela est naturel, c’est de l’adversité et non de l’animosité. Il doit avant tout faire pression sur lui-même pour annihiler toute velléité de vengeance qui tenterait de sourdre en lui. Il doit savoir se servir de ce passé pour construire son présent qui se veut radieux compte tenu désormais de sa position sociale et politique. Il doit pouvoir prouver qu’il est le Premier Ministre chef de gouvernement et non le premier des ministres. A ce poste il est pour tout le peuple de Guinée et non au service d’un clan ou de toute autre entité sociale.

Son second défi est de faire respecter le droit pour que cesse toutes les formes d’injustice qui ternissent malheureusement l’image de la transition. Que les coupables soient punis par la justice et les innocents relâchés simplement. Trouver les moyens et les méthodes pour ramener toutes les composantes politiques et sociale autour de la table de négociation.

Tout dialogue qui ne tiendra pas compte des grands partis notamment le RPG, l’UFDG et l’UFR ignorera les 90% de la population guinéenne. Il doit pouvoir donner force à la raison et non à la passion comme cela caractérise aujourd’hui certaines décisions et mesures des autorités de la transition.

Son troisième défi est celui de l’économie du pays qui bat de l’aile et qui malheureusement impacte négativement le quotidien des populations guinéennes. Si les guinéens ont salué ta nomination ce n’est pas pour ton intellectualisme ou ton charisme politique, c’est dans l’espoir que tu leur apporteras la solution au calvaire qu’ils vivent maintenant. En tant qu’économiste chevronné, Bah Oury doit être capable d’apporter une solution responsable à la précarité des guinéens malgré le contexte international incertain. La communication, l’information sur les réelles conditions économiques en ne disant que la vérité et éviter de tenir des promesses invraisemblables que le peuple ne tardera pas à comprendre. Les gros termes économiques comme macroéconomiques, ne sont pas connus du peuple, l’essentiel est de donner l’information vraie accessible aux populations.

Le quatrième défi est celui du chronogramme de la transition autour duquel on entretient un flou indescriptible. Le premier ministre doit absolument donner une lisibilité aux actions gouvernementales pour que le peuple sache l’orientation et le niveau de réalisation des points inscrits au chronogramme. Il doit le faire car en réalité avec sa nomination à ce poste cela met de facto fin à toute ambition politique de sa part. Bah Oury doit se mettre au-dessus de la mêlée comme l’avait jadis feu Jean Marie Doré, pour éviter de se salir car, il doit avoir toujours à l’esprit qu’il est premier ministre pour un pays et non pour celui qui l’a choisi. Il doit pouvoir donner un sens à son passage à ce poste, que la postérité vante devant les siens, qu’il a été l’homme qui a sorti son pays de l’impasse politique, et personne ne lui souhaite le contraire de cela.

Son courage politique, son patriotisme, sa volonté farouche de donner à son pays tout le bonheur dont il rêve depuis des décennies, son intransigeance, sa foi et son amour de la vérité lui permettront surement de conduire avec succès cette nouvelle mission à lui confiée.

Que le bon Dieu guide les pas du tout nouveau premier ministre chef du gouvernement.

Famany Condé