Conflit foncier à Wonkifong : L’ex-ministre Naby Youssouf Kiridi Bangoura accusé de s’approprier 4 hectares appartenant aux héritiers de feu Koyé Fodé Mandenyi Camara
Depuis un certain temps, un domaine de 4 hectares situé à Laye Fily, dans la sous-préfecture de Wonkifong (préfecture de Coyah), oppose la famille de feu Koyé Fodé Mandenyi Camara à l’ancien ministre secrétaire général à la présidence du régime déchu, Naby Youssouf Kiridi Bangoura. Chacune des deux parties revendique la propriété du terrain.
Se réclamant propriétaires du domaine, les héritiers de la famille Koyé Fodé Mandenyi Camara ont apporté, ce mardi 10 juin 2025, des précisions sur ce conflit domanial dans une interview accordée à notre rédaction en langue nationale soussou. Selon eux, le litige remonte à plusieurs années.
Sur place, Mamadouba Camara, alias Laïly, revendeur du domaine, a expliqué les circonstances de la vente, qu’il situe sous le régime du feu Général Lansana Conté, en 2007 :
« Je suis le beau-fils de Bintoumodou Bangoura, qui travaillait sur ce domaine. Lorsque j’ai épousé sa fille, plusieurs habitants cultivaient du riz, du fonio et du manioc sur le terrain. Tous les habitants de Laye Fily en sont témoins », a-t-il déclaré, avant d’ajouter :
« Après la mort de mon beau-père, son neveu, malade, m’a demandé de revendre le domaine pour financer son traitement à Fria. Je lui ai alors dit que le terrain ne lui appartenait pas,mais il a insisté. C’est ainsi que j’ai proposé le domaine à M. Kiridi Bangoura, qui l’a acheté pour 800 000 GNF, soit 200 000 GNF par hectare. »

Suite à cette vente, des tensions ont éclaté. Mamadouba affirme :
« Mon frère Siramodou m’a interpellé le jour même où je suis allé récupérer l’argent, m’avertissant que le terrain appartient à la famille Mandenyi de Koyé Fodé Camara. »
Peu après, l’affaire a été portée devant les sages de Wonkifong, à la suite d’une plainte déposée par M. Kiridi. Une décision de remboursement de la somme avait été prise, mais une altercation entre les deux camps a dégénéré, relançant le conflit.
Démolitions attribuées à Kiridi Bangoura
Selon les héritiers, l’ancien ministre aurait envoyé des hommes pour démolir des habitations et des fondations sur le domaine :
« Aujourd’hui, l’affaire est devant le tribunal de première instance de Coyah », a déclaré Laïly.
Menaces et appel à l’aide de la famille Koyé Fodé
Kalil Soumah, un autre héritier, accuse Kiridi Bangoura de proférer des menaces :
Kalil Soumah, un autre héritier, accuse Kiridi Bangoura de proférer des menaces :
« Un jour, il a dit qu’il avait demandé à sa famille de tirer sur toute personne trouvée sur le domaine, et qu’il était lui-même prêt à le faire. Ce terrain appartient à ma famille. Nous demandons l’aide du Président de la République pour que la justice nous rende notre bien. »

Arrestations, violences et détention de femmes.
Salematou Camara, l’une des héritières, affirme avoir été arrêtée avec d’autres membres de la famille :« Nous avons été convoqués à la gendarmerie de Coyah, où nous avons été torturés. Après notre audition, mon frère a été emprisonné, et nous trois, les femmes, avons été placées en garde à vue. Pendant quatre jours, nous avons dormi à même le sol, avant d’être transférées à la prison civile de Sakaria de Wonkifong, où nous avons subi d’autres sévices », témoigne-t-elle.

Réaction de Kiridi Bangoura : « J’irai jusqu’au bout »Contacté par téléphone, l’ancien ministre a déclaré :
« Je n’ai rien à dire. Je laisse la justice trancher. Les sages ont déjà dit la vérité. Mais si les gens rejettent leur verdict, alors la justice prendra le relais. J’irai jusqu’au bout. »
Selon lui, la famille Camara n’est pas propriétaire du terrain :
« Ce n’est pas leur terrain. Il y a un maire, un sous-préfet, et des notables à Wonkifong. Le terrain a été vendu illégalement. Depuis que j’ai quitté le gouvernement, je suis victime de harcèlement. Certains espèrent me faire peur pour que j’abandonne mes droits. Mais je suis allé en justice, sans violence, sans insulte. Est-ce que je n’en ai pas le droit ? », s’interroge-t-il.
Il affirme que le domaine se trouve dans le village de ses ancêtres, établis là depuis cinq siècles :
« Ce terrain m’appartient. Mes ancêtres, Bantouma et Simba Bangoura, sont originaires d’ici. Je suis Lassiri, propriétaire foncier. »
La justice saisie
Pour l’heure, tous les travaux de construction sur le terrain sont suspendus suite à une décision de justice. L’affaire sera examinée demain, mercredi 11 juin 2025, au tribunal de première instance de Coyah.
YB