LES ERREURS QUI DECHANTENT…(Famany Condé)

La conduite de la transition est truffée de graves erreurs qui décrédibilisent le CNRD. La dignité, c’est l’harmonie entre le dire et le faire, c’est aussi la responsabilité. Le manque d’harmonie dans ces valeurs pour la conduite des affaires, ou dans le comportement d’un homme le décrédibilise aux yeux de ses semblables. Depuis l’avènement du CNRD, de nombreuses déclarations ont été faites avait-on dit pour le bonheur du peuple de Guinée. Malheureusement le manque de volonté dans la mise en œuvre de ces différentes promesses tenues, affecte le bon fonctionnement de cette transition guinéenne. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ces nouvelles autorités qui jadis bénéficièrent de l’enthousiasme populaire, sont décriées, exécrées et rejetées par une très forte majorité des populations guinéennes.

La promesse de faire de la justice la boussole du CNRD a pris du plomb dans l’aile ; les erreurs du passé qui devraient être évitées ne l’ont pas été ; il n’y aura pas de chasse aux sorcières cependant, les anciens dignitaires du régime déchu sont au gnouf ; aucun guinéen ne doit désormais mourir en Guinée pour l’expression de son opinion malheureusement, 17 guinéens sont tombés sous les balles des forces de défense et de sécurité ; les harcèlements judiciaires, la confiscation des libertés fondamentales, le musellement des partis politiques etc.

L’engouement qu’avait suscité l’avènement du CNRD s’est transformé au fil des jours et des mois en amertume et en désespoir. Le non-respect des promesses faites par les nouvelles autorités a créé un sentiment de désillusion et de frustration chez les populations. En Guinée il faut reconnaitre qu’un seul cadre peut être l’espoir des dizaines d’autres personnes voire même d’un village. La séquestration de tels hommes et le gel de leurs comptes impactent négativement la vie de dizaines de personnes. Depuis plus d’une année Dr. Kassory Fofana et Cie croupissent injustement dans les geôles du CNRD sans la moindre preuve de ce qui leur est reproché. Cet état de fait prouve à suffisance que la boussole tant évoquée par les nouvelles autorités est détraquée sinon obsolète. Comme une épée de Damoclès, la justice voulue par le CNRD plane sur la tête des leaders politiques et leaders d’opinion.

Une habitude vieille de plusieurs décennies ne peut pas se corriger en quelques jours. Le système D qui a été mis aux arrêts par le CNRD a favorisé la pauvreté et l’indigence généralisée chez les populations, qui peinent aujourd’hui à trouver leur pitance quotidienne. Le désarroi et la mélancolie ont créé le sentiment de rejet chez les populations qui ne croient désormais à aucune des promesses faites par la junte au pouvoir. Le non-respect de leur propre charte prouve à suffisance que tout leur programme de refondation ne vise rien d’autre que la satisfaction de leurs ambitions personnelles déguisées. La mise à la retraite massive des agents de la fonction publique n’a cependant pas entrainé le recrutement des jeunes diplômés sans emploi. L’insuffisance de cadres dans l’administration rime bien avec morosité et incompétence au niveau des services publics notamment dans l’éducation.

La répression barbare contre la jeunesse de Kankan qui n’a fait que réclamer son droit à l’électricité n’est pas de nature à favoriser l’adhésion de cette région au programme du CNRD. D’ailleurs elle aura contribué à la baisse drastique de la cote de popularité de Mamadi Doumbouya dans la savane entière. Aujourd’hui les observateurs de la vie de la nation témoignent de la décrépitude du CNRD à travers les erreurs et les maladresses qu’il emploie trop souvent pour se faire plaire, son manque de communication sur les réalités du pays.

En s’opposant au Pr. Alpha Condé au sujet de la dépouille mortelle de son épouse, a été une grosse faute pour la junte qui défie ainsi la tradition et les principes de l’islam. Ce qu’elle ne voulait éviter, elle l’a reçu en plein visage, la popularité effective du Pr. Alpha Condé pour lequel les guinéens nourrissent un amour et une confiance absolue. Les populations guinéennes sont de plus en plus dubitatives quant à la véracité des premières annonces de cette junte. L’appauvrissement excessive des guinéens, l’élargissement excessif du fossé entre les parvenus du régime et les pauvres citoyens, la perpétuation des anciennes pratiques de corruption et des marchés de gré à gré.

L’immobilisme dans le dialogue inclusif que les religieux et le Premier ministre Bernard Goumou veulent réactualiser n’augure rien de bon pour cette sortie de crise. On joue avec le temps pour jouer avec les forces vives mais, la patience ayant des limites, il faut se méfier de jouer avec le feu. L’entourage du colonel Mamadi Doumbouya n’est pas de nature à lui dire la vérité sur les problèmes de la nation. Emmuré au palais Mohamed V, il est coupé des réalités du pays, il ne reçoit que ce que son entourage juge utile de lui donner et, ce qu’il reçoit souvent est contraire à la réalité.
Seul le colonel Mamadi Doumbouya a besoin de paix et de stabilité, son entourage et ses amis apparaissent comme des saprophytes qui vivent à ses dépens. Il est le seul témoin devant l’histoire de tout ce qui se passera durant son magister comme l’illustre aujourd’hui le cas du capitaine Moussa Dadis Camara.

« A beau durer dans le palmier, on risque d’être surpris par la tornade ».